Paris sera toujours Paris. Oui, Paris le sera, mais quid des parisiens?
Je viens de rentrer d’une semaine de travail assez intense dans la ville lumière et outre le fait que je me rends compte au gré de mes retours ponctuels que la ville semble assez immuable dans son architecture, sa lumière et son aura, je fais des constats un peu moins radicaux par ailleurs.

Il va de soi que le premier est que cette ville qui m’a vue grandir n’est plus tout a fait la mienne. Je ne connais plus les « places to be », je ne suis pas forcément au fait des dernières expositions et des derniers salons car mes passages parisiens se concentrent sur ce qui est au finale le plus important: voir les amis et la famille et refaire le monde avec eux autour d’une bonne table et d’une bonne bouteille.
L’autre constat que je fais avec mes yeux d’expatriée, c’est le changement d’humeur des gens dans la ville et l’atmosphère générale. On sent une insécurité grandissante autour de soi, les gens semblent moins insouciants. Vous me direz que l’insécurité est un peu l’apanage des grandes villes, mais j’ai vraiment le sentiment que la ou avant on était presque dans un cocon, la méfiance est désormais de la partie.

Samedi soir j’ai dîné avec des amis dans un restau du quartier chinois fréquenté essentiellement par des asiatiques et des habitués. A nos cote, une famille italienne dînait tranquillement. Si tranquillement qu’en fin de repas, ils sont repartis allégés de leurs papiers, iPad et quelques autres indispensables de ce genre. Avant, dans le 13eme, on pouvait sans aucun souci laisser son sac sur le dossier de sa chaise sans trop se poser de questions. Aujourd’hui, il faut visiblement faire preuve d’une vigilance accrue, même dans les moments de détente.

Les français sont connus pour se plaindre. Cependant, les plaintes de certains, leurs inquiétudes commencent à présent à être justifiées. MrH&Co ont créé un tel climat d’incertitude en France que les gens craignent pour leur emploi, leur avenir. Les entreprises peinent à grandir, à s’étendre, les ménages rognent sur leurs vacances, leurs loisirs pour payer leurs impôts ou simplement se constituer une épargne de précaution.
En ne rentrant que de temps a autre, c’est l’augmentation des prix que je constate également par vagues. La baguette qui passe insidieusement a 1€20, le ticket de métro a 2€ et le camembert a 6€, les loyers qui continuent leur ascension vertigineuse.

Est-ce que Paris est la prochaine Londres ou la collocation sera la norme pour ne pas passer 2h dans les transports? Est ce qu’il faudra avoir un salaire de PDG du CAC 40 pour avoir un train de vie a peu près décent dans cette ville toujours aussi magique?
Prendre le bus pour aller en RDV client, passer sur un pont et voir a l’horizon Notre Dame sur fond de bateaux mouches qui voguent paisiblement sur la Seine, c’est oublier la misère du monde le temps de cet instant magique et poétique qui font que Paris aura toujours cette place unique dans mon cœur.